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Retour à Birkenau Ginette. Kolinka
Ginette , le prénom dit une époque, une classe sociale, il ne dit pas juive ou non, ça c'est le nom qui le dit et dans les années 40 il ne faisait pas bon être juif à Paris ou ailleurs.
Une première rafle décime une partie de la famille et les survivants passent en zone libre à Avignon mais en mars 44 elle sera arrêtée avec son père, son frère et son neveu, direction Birkenau.
Dans ce court récit, elle raconte quelques souvenirs du voyage et de sa vie au camp. Quelques souvenirs, car elle dit avoir oublié beaucoup de choses, le cerveau fait le tri pour pouvoir survivre. Elle dit aussi comment elle s'est coupée, vidée de toute émotion dans ce camp et cela m'a renvoyée à la lecture de "Etre sans destin " de Imre Kertész qui décrit un personnage un peu semblable. Elle raconte de petites choses "non-héroïques" , les toilettes, les poubelles, la faim, la douleur mais finalement assez peu la peur .
Et puis le retour difficile, seule, le père, le frère, le neveu ne sont plus, la "réinsertion" guère plus simple et la vie qui a repris le dessus.
Elle m'a particulièrement touchée quand elle montre le décalage entre la charge de souffrance de ces lieux et la vie qui gomme, floute cet endroit comme cette jogueuse qui court tranquillement le long du camp , des lieux devenus musées qui ne correspondent déjà plus à la réalité. Tal Brutmann, historien, a mené toute une réflexion sur ce qu'on croit être les camps et ce qu'ils étaient, en faisant un très gros travail sur les images. Il rejoint les remarques de Ginette Kolinka je trouve.
Ce n'est pas un grand livre, c'est pourtant un témoignage important, elle fait partie des dernières .
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