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Pour être tout à fait honnête je n'ai pas réussi à rentrer dans ce roman. L'écriture , trop alambiquée à mon goût, jouant sur le réel et l'irréel, se voulant poétique et c'est surement le cas, trop imagée, évanescente, m'a perdue . Les personnages sont restés loin de moi .
Bref une lecture décevante, une rencontre qui ne s'est pas faite, ça arrive .
Challenge département : 971 Guadeloupe
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Cela faisait un bon moment que je n'avais pas lu Thierry Jonquet et en fermant ce livre je me demande bien pourquoi car il ne m'a jamais déçue.
Ici il est absolument excellent !
Une cité scolaire dans le 93, une jeune prof Anna qui se lance dans le métier, meilleur quartier, meilleure classe, meilleur emploi du temps , non bien sûr, c'est comme ça à l'éducation nationale on est confraternel en mots moins sur le terrain. Tout y est, les syndicalistes formatés, la direction qui louvoie, les profs qui craquent , ceux qui tiennent jusqu'à ce qu'ils lâchent l'affaire et les mômes, cons comme on l'est à cet âge avec un quelque chose en plus ou en moins ou les deux qui en font vite de petits monstres prêts à écrabouiller le prof.
On s'attache particulièrement à trois ados, pas tous sympathiques, pas tous très malins mais grosso-modo pas très bien traités par la vie et qui n'ont pas, sauf un, réussit à se sauver par la culture . Autour rodent les vautours religieux et mafieux et l'imbroglio police/justice/politique ne permet pas de les protéger . C'est ainsi que l'on tombe avec eux du côté sombre, très sombre de la vie.
Il n'y a rien de trop dans ce roman , tout y est, sans excès ou caricature et c'est précisément pour cela qu'il fait mouche et qu'il fait mal. Ecrit en 2007 ,il est en parfait accord avec ce que nous vivons aujourd'hui , donc nous savions, nous savons mais visiblement nous ne savons que faire .
Challenge département : 93 Seine Saint Denis
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Un jeune nobliau normand s'ennuie dans sa campagne et son envie de réussite et d'une autre vie vont l'amener à partir pour la Martinique. Son rêve est d'y développer le caféier qui offre cette boisson à la mode à Paris mais la Martinique c'est la canne à sucre ! Il commencera donc comme tout un chacun par la canne y adjoignant petit à petit le cacaoyer . Pour se procurer un caféier, il lui faudra retourner en France pour aller à la recherche rocambolesque de cette plante.
Dans le roman alterne deux récits , celui de Clieu le Normand et celui du café, sa découverte et sa propagation. On apprend ainsi l'histoire du café comme sur les colonies, l'esclavage, les métis . Ce n'est pas pour autant un roman soporifique, les marins et les traversées sont hauts en couleurs et la vie à la Martinique animée.
C'est une lecture agréable , dépaysante , un roman qui permet de passer un bon moment .
Challenge départements 972 Martinique
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Ce livre retrace, comme son titre l'indique, l'histoire des Normands, descendants des vikings qui surent, si ce n'est conquérir le monde, au moins installer leur descendance sur un vaste territoire qui comprend une grande Normandie, l'Angleterre et même la Sicile .
Organisé en courts chapitres, les auteurs retracent trois siècles de conquêtes en donnant une très belle place à la conquête de la Sicile. Détaillé, illustré, ce livre est une mine pour comprendre l'enchevêtrement des alliances et rivalités qui ont animé du nord au sud l'établissement des descendants des Vikings .
Il m'a manqué une partie plus "us et coutumes", globalement le livre s'attache surtout aux faits de guerre et de pouvoir, même si à la fin une partie sur l'architecture vient combler un peu ce manque.
Un livre de référence s'adressant à tous .
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L'auteur recoupe au travers de différents documents ce que fut la traite africaine arabo-musulmane.
L'esclavage n'est l'apanage d'aucun peuple, tous, plus ou moins, y ont participé. Une main d'oeuvre peu onéreuse à des époques où l'énergie était certes écologique mais humaine, ça se prenait. Le monde arabo-muslman n'a pas fait exception et a acheté pendant longtemps des esclaves blancs européens. Quand les états d'Europe ont réussi à défendre leurs populations, les esclaves blancs ont laissé la place aux esclaves noirs. Une longue, mortelle et très consommatrice traite des noirs s'est mise en place. Avec ou sans islamisation, les négriers, renforcés dans leur choix par un racisme anti-noirs, se sont violemment servis ou fait servir des hommes, des femmes, des enfants. La traversée du désert, enchainés, sans eau ou si peu, viol des femmes et jeunes filles, castration des jeunes garçons ,violences , entraînait à elle seule un grand nombre de morts. La légende veut que cette traite ait été "douce", comparée à la traite européenne. L'auteur montre que l'esclavage n'y fut pas "bienveillant", d'ailleurs tant qu'à parler d'un esclavage "humain" , on pourrait parler des "bienfaits" de la colonisation...
Il souligne le double langage qui veut qu'un musulman ne puisse être esclave sauf quand on "s'arrange" parce qu'il est noir, pas assez musulman ou toute autre raison . Le même double discours a prévalu pour les européens qui avaient dénoncé l'esclavage mais fermaient les yeux devant le commerce de ceux-ci dans le monde arabe . Il parle aussi des peuples d'Afrique noire, certains chefs combattants d'autres collaborant avec ces "marchands".
Ce livre est une ouverture sur un sujet difficile il demande à être complété, d'autant plus qu'en ce qui me concerne je n'ai aucune connaissance sur l'histoire ancienne des royaumes africains.
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Ginette , le prénom dit une époque, une classe sociale, il ne dit pas juive ou non, ça c'est le nom qui le dit et dans les années 40 il ne faisait pas bon être juif à Paris ou ailleurs.
Une première rafle décime une partie de la famille et les survivants passent en zone libre à Avignon mais en mars 44 elle sera arrêtée avec son père, son frère et son neveu, direction Birkenau.
Dans ce court récit, elle raconte quelques souvenirs du voyage et de sa vie au camp. Quelques souvenirs, car elle dit avoir oublié beaucoup de choses, le cerveau fait le tri pour pouvoir survivre. Elle dit aussi comment elle s'est coupée, vidée de toute émotion dans ce camp et cela m'a renvoyée à la lecture de "Etre sans destin " de Imre Kertész qui décrit un personnage un peu semblable. Elle raconte de petites choses "non-héroïques" , les toilettes, les poubelles, la faim, la douleur mais finalement assez peu la peur .
Et puis le retour difficile, seule, le père, le frère, le neveu ne sont plus, la "réinsertion" guère plus simple et la vie qui a repris le dessus.
Elle m'a particulièrement touchée quand elle montre le décalage entre la charge de souffrance de ces lieux et la vie qui gomme, floute cet endroit comme cette jogueuse qui court tranquillement le long du camp , des lieux devenus musées qui ne correspondent déjà plus à la réalité. Tal Brutmann, historien, a mené toute une réflexion sur ce qu'on croit être les camps et ce qu'ils étaient, en faisant un très gros travail sur les images. Il rejoint les remarques de Ginette Kolinka je trouve.
Ce n'est pas un grand livre, c'est pourtant un témoignage important, elle fait partie des dernières .
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Fin des années cinquante, Italie du sud, une petite ville, ses habitants et l'auteur qui décortique les relations entre tout ce petit monde.
Il y a bien sur, les riches et les pauvres, ceux qui ont du pouvoir et ceux qui n'en ont pas. La vie est rude, la malaria rode, le travail est dur. Et puis, il y a les femmes ! C'est la grande affaire des hommes, les femmes, asseoir son pouvoir en en faisant des jouets, prouver sa force jusqu'au viol, séduire pour être viril, les quitter pour tirer les ficelles . Les femmes sont un enjeu de taille, elles le savent , elles essaient d'en jouer mais n'ont pas toujours toutes les cartes en main. Elles ne sont rien, enfermées dans des règles qui leur échappent, sans revenu, dépendantes des hommes. Pour autant elles ne s'entraident pas, pas de sororité, chacune joue sa partition au mieux quitte à écraser une autre femme . Il ne faut pas croire que les relations entre hommes soient beaucoup plus amicales, les rivalités sont là aussi, fortes et affirmées.
Un tissu social à la trame épaisse, aux fils bien serrés, dont on ne peut vraiment s'échapper, où il faut faire souffrir pour ne pas être un souffre-douleur.
Néanmoins, ça bouge petit à petit, les femmes mettent des maillots de bain, des touristes apportent un air d'ailleurs et Marietta la jeune femme tant convoitée saura s'imposer.
Un étonnant et passionnant roman .
Challenge départements : 60 Oise ( naissance de l'auteur )
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L'affaire Papin, on peut la résumer en quelques lignes comme un fait divers vieilli, datant d'une autre époque, des bonnes qui ont tué leur patronne et sa fille mais visiblement, ce crime a inspiré autant le monde du livre que celui du cinéma et cette histoire a pris différentes formes artistiques.
Ici, l'auteure construit une sorte de biographie des deux soeurs en y ajoutant, soit en le supposant, soit en le déduisant, le versant psychique des deux soeurs.
On y croit, on ressent le malheur des filles Papin, misère morale, affective autant qu' intellectuelle. Ce n'est pas la grande pauvreté mais leur mère est une sorte de Mme Bovary de petite classe sociale , insatisfaite, envieuse et peu portée à la tendresse envers ses enfants même si elle choiera un peu plus la petite dernière. Pas de mots, pas de paroles, des enfants jetées, récupérées, posées, reprises, un va et vient qu'elles subissent. Tout cela fait naître en chacune un équilibre précaire et pour Christine on sent la maladie psychique s'éveiller en elle. L'époque n'offrait pas grande protection aux enfants ni beaucoup de soins psychologique, elles ont donc grandi cahin-caha , pas très bien .
Le livre est passionnant . J'ai été bluffée par la plume de l'auteure qui m'a complètement embarquée.
Challenge département : 72 Sarthe
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J'avais un apriori négatif sur cette auteure mais comme la bibliothèque permet d'essayer des romans qu'on n'achèterait pas forcément, j'ai tenté le coup ... et bien m'en a pris car cette lecture a été des plus agréable .
Un jeune homme Renaud a réussi in-extrémis à sauver sa peau d'une pendaison . Il se réfugie chez un proche, un vieil homme vivant dans un coin perdu. Celui-ci, malade et proche de la fin , protège le jeune homme et lui donne à lire ses souvenirs et quels souvenirs !
Thibaud de Courtenay, qui fut chevalier, a vécu dans le royaume de Jérusalem, il a combattu Saladin, participé aux combats, aimé , souffert.
Dans un contexte historique mouvementé et sanglant on suit les guerres, les combats, les intrigues et les amours des nombreux personnages. L'auteur y ajoute une pointe de mystère autour de la "vraie croix" et de l'Arche d'alliance , inévitable en ces lieux et ces temps .C'est un vrai plaisir de se déplacer sur ces terres convoitées de tous de chaque côté de la Méditerranée. J'ai adjoint à ma lecture une carte car je connais peu ces villes . La lecture des ces 600 pages se fait sans difficultés, ni on ne s'ennuie ni on se noie , le fil conducteur tient tout du long , le mélange roman/histoire est bien dosé et on ne le confond pas avec un documentaire tout en s'enrichissant des éléments historiques semés.
Ce fut donc une très bonne lecture dépaysante et plaisante qui me donne envie de lire la suite de cette trilogie .
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Ce livre fait suite à un documentaire réalisé pour la télé FR3 .
C'est un livre indispensable pour comprendre qui ,où et pour quel projet oeuvrent les Frères musulmans. Construit autour d'interviews, de rencontres et de l'histoire de ce mouvement, l'auteur nous ouvre les portes de cette organisation aux nombreux bras, implantée dans le monde arabe mais pas seulement.
Ce livre est passionnant tout simplement, très bien structuré il se lit facilement alors que le sujet est complexe et que nombre de noms m'étaient inconnus.
Un regret, j'aurais aimé un organigramme des Frères Musulmans pour pouvoir visualiser en une feuille l'ensemble des personnes importantes du mouvement en croisant avec les dates et les lieux. Le livre a été édité en 2013, il nous manque donc les informations des dix dernières années , il nous faut compléter par d'autres ouvrages.
Je suis ravie de cette lecture qui m'a rendue un peu moins bête.
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